Isaline
Dupond
Jacquemart
Ici,
j'écris
Une main tiède
Une main tiède se pose sur un front
Dissipant la peur, l’angoisse, la fatigue
Mon crâne qui tape
Mes épaules qui portent

Mâchoire serrée

Des corps contre des corps
Contrepoids maladroits
Traversant l’effort
Vacillant sous le poids
D’énergies en transit.

Bras contre bras
Ça poisse
Puis-je être soûle de tendresse ?
Puis-je être soûle
-- de maladresse ?

Laisse-moi panser les blessures de nos corps
Laisse-moi aimer droit dans les yeux
Un sourire aux lèvres
Chaque parcelle de nos peaux
Laisse-moi célébrer
Tout ce qui n’a pas pu l’être

Vivre tout ce qui n’a pas encore été

Avoir le sommeil léger
Et rêver profondément

Un clin d’œil au creux de ma clavicule

Porter mes désirs
Ouvrir les épaules
Larges
Et savoir qu’elles peuvent porter

Mais peuvent-elles ne pas ?
Et déposer le poids
Qui les anime

Rendre ses lames
Ses armures
Et savoir sourire
Limpide
Liquide

Est-ce que tu me vois
Est-ce que tu me vois, en plein jour ?

Et panser mes doutes
Faire
À ma manière

Un feu d’artifices
Tranquille
Solide
Joyeux
Explosant enfin sur la voûte

Une détonation
Une sillonnée
Plusieurs temporalités

Prendre de la place
Prendre toutes mes places
Prendre
Donner

N’en avoir enfin plus rien à foutre
Et tout à faire

N’en avoir plus rien à foutre
À foutre
Avoir la tchatche
Passer nulle part
Et partout
Être ivre d’audace
Calme
Être ivre

Ivre
Ivre
Encore
Une fleur à l’oreille

Porter la poisse
Ou ne plus la porter
Acide
Humide

Un râle
Unique
Un rire
La nique

Mais qu’est-ce que tu fous ?
Je sais qu’on m’entend
Jusqu’à l’autre bout
De la rue
De la plage
De la ville

Et murmurer
De mes lèvres gercées
Mon incantation
Chuchotante

Chasser l’orage
Faire chanter mon soleil
Conjurer les regards
Faire vaciller
La peur
L’angoisse
La fatigue
Guérir
Inondé d’images
Stroboscopiques
Tremblant de mon flot

Et planer des mots à 3000

Savoir que la vie a bon dos
Vaciller des genoux
Lâcher la bride

Faire ce que je me chante
Glisser le long de la pente

Raconter des histoires
Tard
Pour s’endormir
Le soir

Sentir une main sur un front
Tiède
À la rencontre des astres

Et mon corps
Dévore les cieux

Puis-je ?
Puis-je ?
--
Et s’évanouir dans le sommeil.
Octobre 2022