Isaline
Dupond
Jacquemart
Ici,
j'écris
Là où les libellules carnivores sont
La combustion de mes membres teintait le ciel d’une nitescence jaune
— une main, chaude
Et mes paupières allumées, vrillent
Déchaîné, face à face
Mon torse éclatant s’extrayant de la déflagration
Et le sable caresse mon visage

Plus loin, une terre en embrasement
Je brûle
Animé par une énergie indécente
L’air s’effuse
Le lac luit
J’inhale

Car après l’orage, le tonnerre et la transmutation
Où connaître l’exhale ?
Là où les libellules carnivores
Dévorent le monde en perdition
Rouges, à la peau translucide, iels peuplent
Les espaces ardents
S’animent au lever
Et coucher du soleil
Et cannibales
Arrachent les doigts de mes mains

Au loin, dans un grand pré doré
Je m’avance :
Un monde
Habité
Nuit, jour
Des visages aux mille visages, saturés de lueurs
Naissent des figures informes prodigieuses, que l’insolence fait vibrer au coeur

Et mon corps plonge, là où les flammes se joignent
Au fond de moi, une forêt efflorescente

Un colibri s’envole

J’exhale
De mes excroissances naissantes
Une tempête de sable
Un cumulonimbus
Puis, un bras tendu ;
Sauterelles en expédition
Mes mantes religieuses
Ébranlent les nuages zébrés.

Car après l’orage, le tonnerre, la transmutation
Le désordre
La conflagration.
De leurs cornes
Des lucanes cerf-volant le long du chemin indiquent
Les voies que nous empruntons
Celles que nous choisissons, et celles que nous refusons
Et par ces voies que nous traçons
Croissent les frontières que nous explosons
Et au-delà de la prairie en consomption, ces frontières dont nous débordons :
Lave en liquéfaction
Abondant dans tous les espaces.

De ces fusions naissent des mondes aux cieux oranges
Où la lave se mêle à la rage
Qui ime traverse le corps
Au fond de moi, une forêt efflorescente et un monde bouillonne
Ce monde, nuit et jour
De quoi, de qui est-il habité ?

Au loin, en haut du mont
Une foule s’enlace
Furieuse, joue contre joue
Une asterie entre les doigts
Et goûter un jour

Ce monde dont je ferai tant d’images
Ce monde qui s’étend dans mon esprit
Comment parler de ton feu, de ta force
De ton existence ?
Là où les mondes s’entrechoquent et les parties de moi
Toi qui es
Parce que je suis

Là où les libellules carnivores
Dévorent le ciel en perdition
Rouges, à la peau translucide, iels peuplent
Les espaces ardents
S’animent au lever
Et coucher du soleil
Et cannibales, caressent,
Les doigts de mes mains.




Décembre 2022