Isaline
Dupond
Jacquemart
Ici,
j'écris
Ciel !
Mes ailes dans les îles
Mes îles déploient leurs ailes

Mon île bat de l'aile
Mon aile enveloppe l'île

Ciel
Ciel !

Dans mon ciel
Mes corps
Mes organes
Mes orages
Sans organes

La terre s'ouvre
Dynamite
Embrassant les frontières

Comment donner
Corps et matière
Aux ailes à la rencontre des îles
Existence
Aux îles aux mille ailes

Et tomber sans cesse
À côté de soi
Ou de ce qu'on veut bien en faire
Comme un spectre en déroute

Et s'aimer en déroute
En balade dans un dédale souterrain

Avoir de l'île dans l'aile
Ne pas savoir quoi en faire
Me planquer sous terre
Comme un nez au milieu de la figure
Un sourire à pleines dents
Je crois qu'il est temps

Ciel...

Il pleut sur les vitres de mon train
Je ne sais pas
Ce que je crois
Avoir à perdre

Cette fois

Et tout donner
Mon flow
Voguant sur les eaux

Alors que j'enfile dare-dare mes costumes
Brandissant sur la proue du bateau
Mon étendard
Comme un ange fendant les eaux
Naviguant vers son île

Comme les eaux je suis flot
Onde à onde
Mes affluents rejoignent le courant
Fluide à fluide
Quel fil me guide ?

Je fais pleuvoir le ciel sur la terre
Je fais pleuvoir ciel sur ma terre

Je suis l'île
Je suis l'aile

Je suis ciel

À poil sur la proue
Éclair fendard
T'entends le bruit des lames
Rompant le long silence
Grandes voiles gonflées
Parées à la traversée.

Mon aile de dérive
Cherche son île pensif
Pour danser sur les flots
Atlantide immergeant
Disloquant la ligne
De partage des eaux

Et dans ma coquille de noix
Ses remous
Ses troubles
De mes ailes
Cachant le soleil
S’ébrouant
Je fais pleuvoir mon ciel sur mon île

Combien de temps
Cela prend
De remonter le courant
De plier la réalité
De ce qui n’est
Combien d’images et de langages
Me faudra-t-il
Pour être la traversée
Faire trébucher les frontières
Pour être déferlant
Vaisseau fantôme
Peuplé de mes ondes

Depuis le temps
Que je me noie le poisson
Si l’on peut être en silence
Et un clin d’œil
Si l’on peut vivre avec

Depuis le temps
Que je vois double
Qu’on me dit
Que je fais déborder la coupe
Que je ne peux pas
Être l’île et l’aile

Je tonne dans mon ciel
Tonne
Tonne
Tonne

Je croque dans la pomme

Je suis tous les corps de la côte
Celui dont elle provient
Et celui qu’elle forme

Flibustiers, flibustières
Sans reine
Sans roi

Sans dieu

J’ai trouvé mon trésor
Et m’attelle
À mettre sur pied
Son existence
Si je peux

Je passe une tête hors des eaux
Le ciel pleut sur la terre
Mon ciel sur mes terres

Je vais bien voir ce que je vais en faire
Comme un radeau à la mer
Une bouteille…

Car iel
À tout vent
Navigue dans les lagons

Oh ! Il, elle
Écho
Tanguant sur l’eau

Iel
Iel
Iel

Oh ! Ciel…

…iel dans les lagons ondoyants.


Octobre 2022